Femmes et recherche : Ha Hoang, une pionnière à l'ESSEC

20.3.2025

Alors que la part des femmes dans la recherche progresse lentement, notamment dans les sciences de gestion, certaines brisent les plafonds de verre et ouvrent la voie à une plus grande parité. Ha Hoang, première Directrice de la recherche de l'ESSEC, incarne ce mouvement. Son parcours illustre l'impact des femmes dans le domaine académique et les défis encore présents pour une meilleure représentation.

 

Bonjour Ha. Pouvez-vous nous présenter votre parcours ? 

J’ai obtenu mon doctorat à l’université de Berkeley, une expérience stimulante mais déroutante, car c’était la première fois que je vivais en dehors de Chicago, où j’avais grandi et étudié. Mon choix de filière a été guidé par mon intérêt pour l’entrepreneuriat, né en observant les entreprises fondées par des réfugiés vietnamiens, dont mes parents, après la guerre du Viêt Nam.

Mon premier poste universitaire a été à la Case Western Reserve University, où j’ai étudié l’entrepreneuriat et les alliances stratégiques. C’est là que j’ai rencontré mon mari, citoyen britannique. Après quatre ans, nous avons poursuivi nos carrières en France. J’ai alors rejoint l’INSEAD, où j’ai travaillé sur la performance des alliances stratégiques et l’identité entrepreneuriale.

J’ai ensuite intégré l’ESSEC, où j’ai poursuivi mes recherches sur la concurrence, la coopération et l’intrapreneuriat. En parallèle, j’ai joué un rôle actif dans l’école, notamment en tant que Responsable du département Management avant d’accéder à mon poste actuel.

 

Pouvez-vous nous parler de votre rôle en tant que Directrice de la recherche à l’ESSEC ?

Ma mission est de veiller à ce que l’école mette tout en œuvre pour soutenir la recherche de pointe et attirer des chercheurs de premier plan en leur offrant un cadre propice à l’excellence. Je dirige l’équipe hautement performante du CERESSEC afin d’élargir nos opportunités de recherche en sollicitant des financements externes, notamment auprès de l’ANR et de l’Union européenne.

J’assure également la liaison avec nos partenaires de recherche dans le cadre de diverses initiatives stratégiques, telles que la CY Alliance, et je promeus le leadership intellectuel de l’ESSEC auprès des décideurs et des instances de gouvernance.

 

En tant que Directrice de la recherche, quelles actions souhaitez-vous mener pour favoriser la parité ?

Si des avancées ont été réalisées, la place des femmes dans la recherche demeure un enjeu majeur. En France, elles ne représentent que 23,7 % des effectifs dans la recherche privée et seulement 20,5 % parmi les chercheurs. Les inégalités salariales persistent également. Le "plafond de verre" reste une réalité, notamment pour les postes de direction. En tant que première Directrice de la recherche de l’ESSEC, je m’inscris dans une dynamique de changement et encourage les nouvelles générations à briser ces barrières.

Comment définiriez-vous la recherche à l’ESSEC et ses grands axes ?

La recherche est une mission clé de l’ESSEC. Avec plus de 160 chercheurs répartis dans sept départements, nous veillons à garantir l’intégrité scientifique, l’éthique et la responsabilité sociale. Nous recrutons des chercheurs issus des meilleures institutions académiques et encourageons la diversité disciplinaire

Nous soutenons la recherche en accès libre et l’implication citoyenne. Plus d’un tiers de nos publications sont en libre accès, et nous organisons une conférence annuelle sur la science et la société, réunissant chercheurs et décideurs.

En septembre 2025, nous inaugurerons la Tour Verte de Recherche, un espace dédié à la collaboration. Nous renforçons aussi la visibilité de nos travaux via ESSEC Knowledge et la presse nationale et internationale.

 

En tant que Directrice de la Recherche, pourquoi est-il important d'encourager et de mettre en avant le rôle des femmes dans la recherche académique ?

C’est difficile à croire aujourd’hui, mais la recherche biomédicale, à une époque, n'impliquait que des hommes en tant que sujets d'étude. Dans un contexte de polarisation croissante, il est essentiel de rappeler que le manque de représentation peut entraîner d'importantes lacunes dans nos connaissances, des biais dans les résultats et, au final, des conséquences négatives pour la société. Nous avons besoin de femmes dans la recherche et dans tous les domaines afin de garantir que les questions posées soient aussi complètes que possible et que les méthodes appliquées permettent de produire un savoir bénéfique pour tous. Lorsque la recherche est combinée à l'enseignement, comme c'est le cas à l'ESSEC, les chercheuses ont l'opportunité d'influencer des milliers d'étudiants tout au long de leur carrière et peuvent jouer un rôle clé en encourageant davantage de femmes à embrasser cette voie.

 

Quels sont les obstacles à la promotion de la parité dans la recherche académique et comment envisagez-vous de les surmonter ?

Bien que des progrès aient été réalisés, la proportion de femmes dans la recherche diminue à mesure que l’on avance vers des postes à plus haute responsabilité, ce qui alimente également les écarts de salaire. En tant que première femme Directrice de la Recherche à l’ESSEC, je m’appuie sur ces constats pour mieux identifier et relever les défis auxquels elles sont confrontées. L’ESSEC a d’ailleurs été la première école de commerce en France à obtenir le label européen HR Excellence in Research, qui nous engage à améliorer en continu nos pratiques RH pour les chercheurs. Cela inclut un plan d’action en faveur de la parité, avec des mesures concrètes comme la valorisation de la recherche sur les questions de genre, notamment à travers notre Gender Research Workshop.

enlighten-lead-change
Loading...