
À 22 ans, Julie Nauthonier se retrouve à la tête d’un orchestre de 80 musiciens, sans l’avoir cherché ni même rêvé. “Étudiante à l’École du Louvre, je jouais dans un orchestre quand on m’a proposé d’en prendre la direction. J’ai dit oui immédiatement. Je n’avais aucune formation, juste une immense envie de transmettre, de fédérer, de faire vibrer un collectif.”
D’abord simple job étudiant, la musique s’impose vite comme une vocation. En 2019, Julie intègre l’ESSEC en double diplôme avec l’École du Louvre. À Singapour puis à Cergy, elle découvre un environnement qui l’encourage à entreprendre. “Je suis entrée à l’ESSEC avec un projet clair : créer FENIX. Je ne pouvais pas rêver mieux. L’école m’a donné les outils pour structurer mon projet et la liberté d’oser : finance, communication, marketing, recherche de clients… Grâce à l’ESSEC, je sais tout faire.”
Autodidacte, elle forge sa posture de cheffe d’orchestre sur le terrain. Exigeante mais bienveillante, elle devient une leader à l’écoute, capable de faire émerger l’énergie du groupe. “J’ai dû gagner ma légitimité. J’étais la plus jeune, la seule femme. Il fallait inventer un style de direction à mon image.”
Julie défend un leadership féministe, horizontal, fondé sur l’écoute et la co-création. “Je ne dirige pas avec l’ego. Je cherche à révéler la meilleure version des autres, à composer avec leurs forces.”
Elle exerce aujourd’hui ce leadership à travers FENIX Project, une entreprise musicale et sociale créée fin 2023, engagée pour l’émancipation des femmes. Le concept ? Former des orchestres de batucada, percussions brésiliennes, au sein de structures accueillant des femmes fragilisées par la vie : en réinsertion, en détention, en situation de précarité ou victimes de violences. L’objectif : leur redonner confiance grâce à la puissance du rythme et du collectif. “La musique devient un levier de transformation. Elles prennent leur place, font du bruit, deviennent visibles.”
Le modèle économique de FENIX est hybride : ateliers associatifs, prestations en entreprise (B2B) et sessions ouvertes à toutes les femmes (B2C). “ En entreprise, on crée des orchestres pour travailler sur la gestion du stress ou l’intelligence collective. C’est une batuca-thérapie adaptée au monde professionnel.”
Aujourd’hui, FENIX rassemble une trentaine de bénévoles, anime des ateliers partout en France et développe des projets en entreprise. L’ambition à long terme : créer une agence d’art-thérapie globale mêlant musique, danse, théâtre et arts plastiques pour toutes les structures, et non plus uniquement dans un cadre de soin. Mais pour l’instant, Julie savoure : “Je suis là où je dois être. Je vis de ma passion. Je me sens pleinement alignée”

Et pour une musicienne et cheffe d’orchestre, quoi de plus symbolique que de célébrer sa diplomation à la Philharmonie de Paris en 2025 ? “C’était fabuleux, un moment suspendu. L’aboutissement d’un parcours que je n’avais pas planifié, mais qui a un sens profond.”